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Le capitalisme doit intégrer un objectif de justice sociale

Professeur à l’École d’Économie de Marseille et auteur de nombreux ouvrages, Gilles Dufrénot appelle de ses vœux l’émergence d’un nouveau contrat social qui reposerait sur la redéfinition des besoins minimaux par le plus grand nombre.

Pourquoi redéfinir l’idée de pauvreté ?

Confronté à la pauvreté dans les pays d’Afrique et d’Amérique latine que j’ai étudiés, j’ai d’abord ressenti de l’impuissance. J’ai été frappé par l’écart entre l’optimisme de celles et de ceux qui consacrent leur vie à la lutte contre la pauvreté (ONG, médecins, anthropologues, économistes, agences de développement) et la réalité du terrain. Cette réalité, ce sont de très nombreuses personnes qui ne s’en sortent pas et qui ont peu d’espoir que leur situation s’améliore au cours de leur vie. Imaginez une barque remplie d’eau qui menace de s’enfoncer. De nombreuses politiques de lutte contre la pauvreté, même très volontaristes, agissent comme si on écopait l’eau de la barque pour empêcher qu’elle ne coule – elles servent à ralentir sa progression. Mais la seule manière d’empêcher que la barque ne coule, c’est de la réparer. Cet effort de réparation nécessite de s’intéresser aux tendances et aux facteurs – historiques, socio-culturels, économiques et politiques – qui définissent sur le long terme les modes d’organisation des sociétés.