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En Afrique de l'Ouest, le mobile money n'a pas encore atteint son plein potentiel

Des femmes utilisent Wave au Sénégal.

L’Afrique de l’Ouest reste un acteur majeur du secteur du mobile money, une industrie en pleine expansion. En 2024, la région comptait 485 millions de comptes de mobile money enregistrés – soit le nombre le plus élevé de toutes les sous-régions du monde. L’Afrique de l’Est, longtemps considérée comme l’épicentre du mobile money, suivait de près avec 457 millions de comptes enregistrés.

L'Afrique de l'Ouest figure parmi les sous-régions du continent qui connaissent la croissance la plus rapide. Le nombre de comptes enregistrés y a augmenté de 21 % en 2024, un rythme légèrement inférieur à celui de l’Afrique du Nord et de l’Afrique centrale (24 % chacune), mais supérieur à celui de l’Afrique de l’Est (15 %). L'augmentation du nombre de comptes enregistrés est une première étape importante, car elle signifie que davantage de personnes peuvent accéder aux services financiers via le mobile. 

De nombreux comptes enregistrés restent dormants

Les utilisateurs enregistrés tirent un bénéfice du mobile money lorsqu'ils passent de l'accès à l’utilisation régulière. Le suivi du nombre de comptes utilisés au moins une fois par mois (comptes actifs sur 30 jours ou comptes actifs mensuels) fournit des informations essentielles. L’Afrique de l’Ouest comptait 97 millions de comptes actifs sur 30 jours en 2024, soit environ les deux tiers des 149 millions recensés en Afrique de l’Est. L’écart entre les deux régions apparaît clairement lorsque l'on examine le taux d’activité mensuel (rapport entre comptes actifs sur 30 jours et comptes enregistrés). En décembre 2024, ce taux était de 20 % en Afrique de l’Ouest, contre 33 % en Afrique de l’Est et 25 % en moyenne mondiale.

Le taux de croissance annuel des comptes actifs mensuels a diminué en Afrique de l'Ouest, passant de 21 % en 2023 à 13 % en 2024. En Afrique de l’Est, il atteignait un rythme légèrement plus lent de 12 % en 2024. Malgré ce ralentissement, on peut s’attendre à une amélioration du taux d’activité mensuel en Afrique de l’Ouest dans les années à venir, compte tenu de la forte croissance enregistrée avant 2024. Le taux de croissance annuel moyen sur cinq ans des comptes actifs sur 30 jours s’élevait à 21 % en 2024 en Afrique de l’Ouest, contre 13 % en Afrique de l’Est. Le vaste réservoir de comptes enregistrés en Afrique de l’Ouest offre une véritable opportunité d’intensifier l’usage du mobile money.

Les transactions en espèces dominent encore en Afrique de l'Ouest

En général, un taux d’activité mensuel supérieur se traduit par un volume et une valeur de transactions plus élevés. En Afrique de l’Ouest, la valeur totale des transactions via mobile money a atteint 357 milliards USD en 2024, soit une hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. En Afrique de l’Est, cette valeur s’élevait à 649 milliards USD en 2024, en progression de 23 % par rapport à 2023. Cela signifie que la valeur totale des transactions en Afrique de l’Est était 82 % plus élevée que celle de l’Afrique de l’Ouest. Mais cette différence se réduit si l'on considère la valeur annuelle moyenne des transactions par compte actif sur 30 jours. En 2024, la moyenne était de 4 342 USD en Afrique de l’Est, contre 3 667 USD en Afrique de l’Ouest, soit un écart de seulement 18 %. Autrement dit, parmi les utilisateurs réguliers, les montants dépensés sont comparables d’une région à l’autre.

Figure 1 : Parts de la valeur des transactions selon les usages du mobile money, 2024

Figure 1 : Parts de la valeur des transactions selon les usages du mobile money, 2024
Source:GSMA

Les usages du mobile money diffèrent également entre les deux régions. En valeur, plus de la moitié des transactions en Afrique de l’Ouest étaient liées à des opérations en espèces en 2024 (voir figure 1). En Afrique de l’Est, cette part était de 36 %. En conséquence, le nombre d’agents de mobile money actifs (qui réalisent les opérations de dépôt et de retrait en espèces) pour 100 000 adultes était plus élevé en Afrique de l’Ouest (902) qu’en Afrique de l’Est (866) en juin 2024.

En Afrique de l’Est, une plus grande part des transactions est consacrée au paiement de factures, aux paiements groupés et aux paiements aux commerçants. Par ailleurs, les envois de fonds internationaux représentent 3 % de la valeur des transactions en Afrique de l'Ouest et 2 % en Afrique de l'Est. On observe des corridors de transferts bien établis entre pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’entre la région et les États-Unis ou le Royaume-Uni. Une proportion plus élevée de transactions numériques est souvent le signe que les consommateurs utilisent une plus grande variété de services. Pour les prestataires de mobile money, l’augmentation des transactions numériques peut se traduire par une hausse des revenus. À mesure que les consommateurs d’Afrique de l’Ouest s’habituent à utiliser des services plus avancés, on peut s’attendre à une augmentation du taux d’activité mensuel.

Le mobile money joue un rôle important dans l'économie ouest-africaine

Bien que le nombre de comptes actifs mensuels et la valeur des transactions soient inférieurs à ceux de l'Afrique de l'Est, l’impact du mobile money (mesuré en dollars) sur le PIB des pays d'Afrique de l'Ouest était plus important. En 2023, les services de mobile money avaient contribué à hauteur de 90 milliards USD au PIB des pays d’Afrique de l’Ouest disposant de tels services. En Afrique de l’Est, cette contribution s’élevait à 70 milliards USD. Au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Sénégal et au Libéria, le mobile money représentait plus de 5 % du PIB. En Afrique de l'Est, le mobile money représentait également plus de 5 % du PIB du Kenya, du Rwanda, de l'Ouganda et de la Tanzanie. Ces données illustrent l'importance du mobile money pour l'inclusion financière et la croissance économique en Afrique de l'Ouest.

Pour en savoir plus sur la croissance du secteur du mobile money, consultez le rapport de la GSMA  "Le point sur le secteur : les services de mobile money dans le monde - rapport 2025". 

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