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Cecilia Poggi : "Il est essentiel de pouvoir garantir une protection sociale aux travailleurs de l'informel"

60% de la population active mondiale occupe aujourd'hui un emploi dans l'économie informelle. Comment mieux prendre en compte cette réalité, source notamment de précarité sociale et de manque à gagner pour les finances publiques, et adapter les politiques ? Réponse avec Cecilia Poggi, économiste et chargée de recherche protection sociale à l'AFD.

Comment définir l’emploi informel ? Et pourquoi cela pose de sérieux problèmes méthodologiques ?

L'emploi informel est généralement défini par l'absence de protection sociale (principalement une couverture maladie) ou par l'absence de contrat écrit (mais ce critère ne peut être appliqué qu'aux employés et est par conséquent plus étroit que la protection sociale). Toutes les définitions ne concordent pas, ce qui montre la complexité à saisir le phénomène dans sa diversité. On peut se rabattre sur la méthode proposée par Jacques Charmes (2012), qui distingue trois niveaux d’informalité :

  • Emploi dans le secteur informel = individu informellement ou formellement employé dans une entreprise informelle ;
  • Emploi informel = individu informellement employé dans une entreprise informelle ou dans une entreprise formelle ;
  • Emploi dans l'économie informelle = individu informellement employé dans une entreprise informelle ou formelle + individu formellement employé dans une entreprise informelle.

Une bonne nouvelle, cependant : grâce à la 20eme Conférence Internationale des Statisticiens du Travail (CIST), de grosses avancées seront réalisées à l’avenir dans le paramétrage de la collecte de données, ce qui permettra à nous, acteurs du développement, de mesurer beaucoup plus finement le travail non rémunéré, l’économie du care et plus globalement les différentes formes de travail féminin non-formel ou atypique.