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Le Covid-19 questionne nos stratégies de développement

La crise est loin d’être terminée et pourtant le « monde de demain », celui de l’après-coronavirus, est déjà dans les esprits. L’avenir du système alimentaire y occupe une place de choix. Deux camps s’affrontent. D’un côté, le courant de pensée « classique », qu’illustre par exemple le dernier rapport de la Banque mondiale sur l’impact du Covid-19 en Afrique, préconise un éventail de mesures pour renforcer la résilience des filières agricoles, sans toutefois remettre en cause leur logique profonde : spécialisation, concentration, mondialisation. D’un autre côté, un camp « alternatif », dont Ipes Food est l’un des chefs de file, prône dans tous les pays un changement radical du complexe alimentaire « industriel », fondé sur l’agroécologie, les petits producteurs et les circuits courts.

Nous voudrions ici contribuer au débat en partant du constat que la crise sanitaire actuelle révèle d’indéniables faiblesses dans certaines conceptions du développement agricole, sans que celles-ci soient pour autant des impasses.

Un article précédent du blog de FARM alertait sur les risques d’un repli de l’agriculture européenne, lié à une décroissance de la production certes pavée de bonnes intentions mais qui nuirait en réalité tant à la sécurité alimentaire mondiale qu’à la lutte contre le changement climatique. La présente contribution pointe les limites d’une autre idée, selon laquelle l’intensification de l’agriculture serait la clé de la réduction de la pauvreté dans les pays les moins avancés.

Que l’augmentation de la productivité agricole soit une condition nécessaire au développement, non seulement de l’agriculture mais plus globalement des économies, est attestée par l’Histoire (les contre-exemples sont rares). Les pays qui ont cru pouvoir sauter cette étape l’ont payé cher ; et c’est probablement la source des maux de maints pays d’Afrique. Mais qu’une hausse des rendements soit une condition suffisante pour réduire sensiblement la pauvreté rurale et réduire les inégalités sociales, c’est une autre histoire. Comme d’habitude, la réalité est plus complexe.