Les micro-finances à l’épreuve du covid-19, Ali BADINI, Directeur Général de CREDIT ACCESS : « Le plan de soutien économique, social et humanitaire du gouvernement est inédit en Afrique, mais ..."
M. Ali Badini, Administrateur et Directeur général de Crédit Access, institution financière distinguée meilleure microfinance de Côte d’Ivoire en 2019, fait un état de la situation des institutions de micro-finances face à la pandémie du coronavirus qui sévit dans le monde. Il se prononce, dans cet entretien, sur les mesures prises par la Bceao et le gouvernement ivoirien.
Quel est l’impact de la maladie à coronavirus sur votre activité ?
Je voudrais avant tout propos vous remercier de l’occasion que vous m’offrez de m’exprimer au sujet de l’impact de la pandémie à COVID-19 sur les activités de CREDIT ACCESS. Nous sommes un Système Financier Décentralisé communément appelée : Institution de microfinance. Nous sommes spécialisés dans la distribution de crédits, la collecte de l’épargne, la fourniture de service de monétique, d’assurance et de transferts. Nos produits et services financiers s’adressent aux micros, petites et moyennes entreprises, salariés du secteur privé et aux particuliers.
Permettez-moi de faire une clarification sur le terme « impact », car comme vous le savez, cela nécessite qu’une étude soit faite, a posteriori, d’un évènement ou d’une situation ; or la crise que nous vivons continue de faire des ravages dans plusieurs pays. Parler d’impact, c’est s’appuyer sur des hypothèses probabilistes ou prospectives et pour lesquelles des scénarios sur les conséquences économiques, sociales, humanitaires, sécuritaires ou politiques doivent être envisagés. Je ne pense pas qu’on puisse le faire à l’heure actuelle. Je serais donc plus à l’aise à parler d’« effet », plutôt que d’« impact » de la crise, et suivant cette logique, je peux affirmer que l’effet de la crise sanitaire que nous vivons est perceptible sur nos principaux domaines d’activités. Au niveau de l’épargne, nous observons une baisse du niveau de collecte auprès de notre portefeuille clientèle. Notre activité de crédit est également affectée en ce sens que nous avons été contraints de suspendre nos déboursements en raison du ralentissement voire de la fermeture totale de certaines activités pour lesquelles nos clients sont directement concernés.
De manière parallèle, on note des difficultés, voire une incapacité de certains clients emprunteurs, à honorer leurs échéances de prêts, du fait des effets de la crise à COVID-19.
Ajouté à cela, le respect des règles liées aux mesures de lutte contre le coronavirus, notamment le respect de la distanciation sociale, a limité drastiquement nos capacités de recouvrement et nous a contraint à réduire nos effectifs au sein de notre réseau d’agences.