Genre et empowerment des femmes: FAQ

De plus en plus de données révèlent l'impact positif de l’inclusion financière sur les résultats en matière de développement. L'accès à des comptes formels d'épargne peut aider les femmes  à gérer les risques de revenus et de santé, à réguler la consommation face aux chocs économiques, à contribuer aux investissements et aux revenus de leurs activités, et à leur donner une plus grande autorité de décision au sein du ménage. Les produits de paiement tels que le versement numérique des salaires et les programmes de transferts gouvernementaux peuvent assurer aux femmes une plus grande confidentialité et une meilleure maîtrise de leurs flux de revenus et de leurs opérations financières. La monnaie numérique s'est avérée avoir un impact positif en augmentant les niveaux de consommation par habitant et en améliorant le bien-être économique de ses utilisatrices. En outre, de nouvelles données    semblent indiquer qu’une succession d’emprunts au fil du temps peut encourager la prise de risque financier et accroître la liberté de choix financier des femmes en termes de type et de taille d'activité, de consommation et de gestion du risque.

L'inclusion financière existe lorsque les services financiers formels sont disponibles et effectivement utilisés par les populations pauvres et à faible revenu pour répondre à leurs besoins. Il est de plus en plus reconnu au sein de la communauté du développement que  les services financiers ne sont pas neutres en termes de genre  compte-tenu des inégalités et de la discrimination que subissent les femmes dans la société. En tant que tel, l'accès des femmes à lui seul ne se traduit pas automatiquement par leur adoption ou leur utilisation des services financiers d’une manière qui entraîne des résultats positifs sur le développement pour les femmes. Des efforts particuliers doivent être entrepris pour comprendre les besoins financiers spécifiques des femmes, compte tenu des rôles qui leur sont imposés par la société du fait de leur genre. Des interventions intégrant la notion de genre sont nécessaires non seulement pour surmonter les obstacles sexospécifiques mais en fait pour transformer les règles et les normes restrictives qui entravent l'inclusion financière et l'autonomisation économique des femmes. 

Les normes économiques sexistes font partie intégrante des marchés sur lesquels opèrent les femmes. Les croyances culturelles fortement ancrées sur le rôle économique qui doit revenir aux femmes ont une incidence sur leur niveau d'éducation et d’accès à l'information sur les services financiers. Ces normes et croyances limitent également la capacité des femmes à procéder à des transactions avec des prestataires formels de services financiers, imposent les types d’actifs dont elles disposent pour assurer les transactions financières, et restreignent leur capacité à réinvestir dans leurs activités.

Le recours à une optique sensible au genre dans la programmation d’une inclusion financière axée sur les femmes sera essentiel afin de comprendre :  

  • si les femmes ont accès à la finance formelle et dans quelle mesure ; 
  • de quelle façon l’infrastructure (agences bancaires, réseaux d’agences, opérateurs mobiles) accompagne les femmes en tant qu'acteurs financiers ;   
  • comment les législations et les normes existantes favorisent l'accès des femmes à la finance ; et
  • l'existence de normes culturelles ou sociales exerçant une discrimination à l'encontre des femmes en limitant leur accès et leur recours à la finance. 

Bibliographie :

Les normes économiques sexospécifiques créent des obstacles pour les femmes à différents niveaux du marché. Elles influencent la demande de services financiers de la part des femmes car elles :

  • limitent leur pouvoir de décision sur les revenus et les dépenses du ménage ;
  • réduisent leur accès à l'information sur les services financiers ou d'autres opportunités économiques ;
  • amoindrissent leur confiance et accentuant leur aversion au risque face à des décisions d'investissement ; et
  • restreignent le temps disponible pour se consacrer à un travail rémunéré plutôt qu'aux tâches domestiques et à celles envers la communauté. 

Les préjugés contre les femmes en tant qu'acteurs économiques influencent également les types de produits fournis par les prestataires de services financiers qui en général jugent ces produits indépendants du genre ou non discriminatoires. Ce manque de compréhension des contraintes particulières aux femmes entraîne souvent une mauvaise conception des produits, et des circuits de commercialisation et de distribution qui ne répondent pas aux besoins des femmes. En outre, un traitement différent conforme à la législation ou aux pratiques coutumières contribue à renforcer les préjugés qui restreignent l'accès des femmes à la finance en limitant leur capacité à détenir, gérer et contrôler les biens, conclure un contrat, ouvrir un compte ou accéder et expérimenter librement les espaces publics. 

Les interventions visant à élargir l'accès des femmes à la finance doivent tenir compte des normes économiques sexospécifiques qui définissent l'accès des femmes aux services financiers et leur utilisation à des fins économiques. Pour cela, tous les acteurs du marché, notamment les chercheurs, les régulateurs, les prestataires de services financiers, les donateurs et les ONG doivent adopter une démarche sensible au genre dans leur programmation.   

Une telle approche doit être assurée à tous les niveaux du système de marché, depuis les programmes nationaux d'inclusion financière jusqu'à la programmation sur le terrain. Les programmes nationaux d'inclusion financière doivent recueillir et analyser des données désagrégées par genre, œuvrer pour réformer les législations et les cadres réglementaires discriminatoires et contrebalancer les normes culturelles défavorables. La programmation sur le terrain doit analyser les besoins spécifiques des femmes et concevoir des produits et des modes de prestations innovants, qui lèvent les obstacles à l'accès aux différents segments de marché. Elle doit aussi encourager une véritable utilisation de ces produits et services en accompagnant les entreprises et en développant leurs capacités financières et de leadership. 

Des mesures exhaustives d'évaluation de la contribution des services financiers à l'autonomisation des femmes seront essentielles pour évaluer les niveaux d’évolution et l'impact à long terme sur les obstacles sexospécifiques qui empêchent l'inclusion financière et l'autonomisation des femmes.