Actualités

Le microcrédit, une efficacité contestée en Afrique de l’Ouest

Popularisée à partir des années 70 par le Bangladais Muhammad Yunus, la microfinance s’est très tôt imposée comme l’un des meilleurs instruments de lutte contre la pauvreté et l’exclusion financière. Le succès de la Grameen Bank, qui lui a valu un prix Nobel en 2006, a servi de modèle pour la création de nouveaux systèmes financiers ciblant les plus défavorisés, dans de nombreux pays en développement. Pourtant, les récents constats concernant la réduction des inégalités et l’évolution de la pauvreté soulèvent des questions quant à l’impact réel des solutions de microcrédit, produit phare de la microfinance, dans les pays les moins avancés. Des inquiétudes qui trouvent un écho particulier en Afrique de l’Ouest, où ces initiatives se sont multipliées pendant les années 2000.

Un secteur en bonne santé

Ces dernières années, la microfinance (et plus précisément le microcrédit) a réalisé une percée importante en Afrique et notamment en Afrique de l’Ouest. Les dernières données disponibles sur le secteur confirment d’ailleurs cette tendance haussière. D’après la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le taux d’utilisation des services de microfinance (qui mesure le nombre de personnes physiques titulaires de comptes de dépôt ou de crédit dans les institutions de microfinance, rapporté à la population adulte) dans l’UEMOA est monté à 21 % en 2018 contre 19,4% en 2017. Le dernier rapport de la Banque sur la situation de la microfinance dans l’UEMOA au 30 septembre 2019 montre que « 15, 2 millions de personnes ont bénéficié des services financiers fournis par les institutions de microfinance sur la période sous revue, à travers 4869 points de service répartis dans les États membres de l'Union ». L’encours des microcrédits a également enregistré une embellie. La BCEAO estime que l’encours des crédits accordés par les institutions de microfinance, à fin septembre 2019, a grimpé de 12% en glissement annuel. Une situation due aux bonnes performances du Mali (+17,1%), du Burkina Faso (+13,5%) et du Sénégal (+13,3%), notamment.