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L’inclusion financière dans l’UMOA et ses défis

Enjeux et actions mises en place pour un accès facilité aux services financiers dans la zone UMOA
Dans une interview  pour le  CGAP en avril 2013, M. Koné Tiémoko Meyliet,  Gouverneur de la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest), a réaffirmé le rôle important joué par les institutions de microfinance pour favoriser l’inclusion financière des populations à faibles revenus dans les huit pays de la zone UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine).
Il a mis l’accent sur trois défis à relever par les acteurs de la région pour promouvoir l’inclusion financière :
  • Le premier concerne la formulation par chacun des Etats d’une stratégie nationale cohérente de promotion de l’inclusion financière ;
  • Le deuxième défi est celui de la surveillance et de l’encadrement des IMF (institutions de microfinance) en portant une attention particulière à la gouvernance et tout en veillant au renforcement des capacités ;
  • Le troisième défi se situe au niveau des IMF elles-mêmes et de leur capacité à diversifier et adapter leurs produits et services aux besoins des populations à faible revenu tout en prenant en compte les innovations technologiques.
Un programme régional, PRAFIDE, qui vise à favoriser l’inclusion financière
Face au rôle considérable que joue le secteur de la microfinance pour l’inclusion financière et dans ce contexte de fragilité du secteur de la microfinance dans l’UMOA, la BCEAO a depuis 2005 élaboré un Programme Régional d’Appui à la Finance Décentralisée (PRAFIDE) qui vise à favoriser l’élargissement de l’accès aux services financiers pour les populations pauvres des 8 pays de la région.
 
Le CGAP, en consortium avec la Coopération Suédoise (ASDI) et l’UNCDF (United Nations Capital Development Fund), a noué en décembre 2005 un partenariat avec la BCEAO pour accompagner la mise en œuvre de trois volets de ce programme qui portent sur :
  • l’amélioration du cadre légal et réglementaire ;
  • le renforcement de la surveillance des IMF et des capacités des superviseurs ;
  • l’amélioration de l'information sur le secteur.
Ce partenariat dans le cadre du PRAFIDE vient de prendre fin en novembre 2012 et plusieurs réalisations majeures sont à mettre au profit de ce projet. On peut citer parmi les plus importantes : 
  • l’élaboration et le déploiement d’un nouveau référentiel comptable pour les IMF ;
  • l’évolution et l’amélioration du cadre légal et réglementaire régissant le secteur de la microfinance avec l’adoption d’une nouvelle réglementation beaucoup plus adaptée à la diversité du secteur et à ses spécificités ;
  • la réalisation d’études sur des sujets pertinents dans la région telles « le coût et la tarification des services financiers offerts par les SFD au Sénégal et au Mali » ou encore « la fiscalité applicable aux institutions de microfinance de la zone UMOA ».
Le nouveau cadre réglementaire ouvre ainsi la voie à des formes d’établissements autres que les coopératives financières, qui prédominent dans la région, et autorise par exemple des sociétés anonymes à proposer des services financiers aux personnes à bas revenus. La BCEAO a également introduit, avec la commission bancaire, un mécanisme de contrôle fondé sur l’évaluation des risques, et elle s’est engagée à surveiller les grandes IMF. D’autres initiatives importantes figurent parmi les priorités à l’ordre du jour de la BCEAO, comme la création de fonds d’assurance-dépôts, l’instauration d’un registre public des crédits et la protection des consommateurs de services financiers.
 
Pour célébrer la clôture du projet consortium CGAP/ASDI/UNCDF, le CGAP a organisé à Washington le 29 mai 2013, un événement qui a rassemblé trois directions de la BCEAO – la Direction de la microfinance et des systèmes financiers décentralisés, la Direction de la stabilité financière et la Direction des moyens et systèmes de paiement - et des représentants de la communauté des bailleurs de fonds basés aux Etats-Unis pour échanger sur des questions importantes pour l'avenir de l'inclusion financière dans l'UMOA.
 
Instaurer la confiance en s’appuyant sur les atouts de la régionalisation
Plus d’inclusion financière et en particulier l’intégration des personnes à faibles revenus dans les systèmes financiers nationaux exigent de bâtir la confiance et de garantir la stabilité du système financier.
 
Dans le contexte actuel de l’UMOA, le renforcement de la confiance dans le secteur de la microfinance nécessite une meilleure prévention des faillites des IMF et une gestion responsable de la liquidation lorsque la situation le requiert. A ce titre, une supervision forte axée sur les risques est essentielle, et comme l’a souligné le Directeur de la microfinance et des systèmes financiers décentralisés de la BCEAO, cela suppose la mise en place d’un dispositif de détection précoce des dysfonctionnements des IMF afin de prévenir ces faillites.  
 
Pour aller plus loin en matière de protection des déposants, la BCEAO est engagée dans un processus de mise en place d’un fonds d’assurance des dépôts. Les atouts de la régionalisation permettent à ce fonds d’avoir une envergure régionale et d’en faire un instrument commun aux banques et aux IMF afin de mutualiser les charges entre les huit pays de l’UMOA qui respectivement disposent d’un nombre limité d’institutions, notamment bancaires.
 
Le Directeur de la stabilité financière de la BCEAO a, en outre, souligné qu’une stricte étanchéité sera établie entre les deux secteurs - banque et microfinance - afin de ne pas mettre en danger, en cas de faillite d’un établissement d’envergure, la stabilité du système financier dans son ensemble.
 
Réduire les barrières à l’entrée
Les exigences administratives à l’ouverture d’un compte bancaire constituent une des contraintes importantes pour les personnes à faibles revenus qui ne disposent pas toujours de documents d’identification et sont parfois non alphabétisées. L’introduction de “Comptes Simplifiés” pourrait permettre de stimuler l’inclusion financière. Dans cet objectif, comme relaté par le Directeur des moyens et systèmes de paiement, la BCEAO en concertation avec les banques commerciales envisage, entres autres mesures visant à réduire les barrières à l’ouverture de comptes bancaires, un allégement des niveaux de « KYC » ou « Know-Your-Customer ». Le « KYC » fait référence à une règle en droit bancaire que des institutions financières doivent suivre pour identifier leurs clients et obtenir des informations pertinentes avant d'entrer en affaire financière avec eux.
 
L’importance du rôle des états dans l’identification des populations pour surmonter cette contrainte à l’accès aux services financiers auprès des institutions formelles a aussi été soulignée ainsi que l’importance de l’éducation financière des populations.
 
Par ailleurs, il a été convenu que la mise en place de comptes simplifiés accessibles aux populations pauvres n’est pas toujours suffisante pour accélérer l’inclusion financière si l’infrastructure bancaire n’est pas proche des populations. Pour briser cette contrainte physique à l’accès, la mise en place de canaux de distribution alternatifs doit en parallèle être envisagée ; le mobile banking constitue de ce point de vue une opportunité à explorer.
 
Les auteurs de ce coup de projecteur sont le CGAP et Corinne Riquet, représentante régionale du CGAP pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre.
 
Ce coup de projecteur a été rédigé à partir de :
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