Interview FinDev

La digitalisation ou la faillite : quelles perspectives pour les IMF et l'inclusion financière ?

SAM 2019 : interview de Mohamed Asri, directeur microfinance et inclusion financière au sein de HPS
Mohamed Asri

Mohamed Asri travaille depuis plus de 30 ans dans le secteur financier, dont plus de 20 ans dans la microfinance, principalement dans l'accompagnement d'IMF et dans la promotion et le soutien de micro-entrepreneurs. Il est actuellement directeur microfinance et inclusion financière au sein de HPS, en charge du développement des solutions spécifiques à ce secteur.

La Semaine Africaine de la Microfinance (SAM) se tiendra à Ouagadougou, au Burkina Faso, du 21 au 25 octobre 2019, sur le thème "en quête d'impact : la finance inclusive au service des Objectifs de Développement Durable". Organisée tous les deux ans, cette conférence régionale majeure a pour objectif de fédérer les acteurs du secteur de la microfinance et de l'inclusion financière en Afrique. A cette occasion, le portail FinDev a posé quelques questions à Mohamed Asri de HPS sur les IMF, leur digitalisation et les nouvelles solutions de paiement. 

Cette année, la SAM (Semaine Africaine de la Microfinance) se focalise sur l’impact de la finance inclusive. Quelle est votre définition de la finance inclusive et comment pourrons-nous mesurer vraiment son impact ?

La finance inclusive permet à des individus en situations précaires de bénéficier de microcrédit, afin d’améliorer leur niveau de vie en créant, reprenant ou développant une activité génératrice de revenus. Elle est supposée proposer des services complémentaires aux populations exclues des systèmes financiers conventionnels pour les inclure financièrement via des programmes d’éducation financière, où ils apprennent à mieux gérer leurs dettes, à épargner et à emprunter de façon réfléchie.

Grâce à l’émergence de la finance numérique, qui a révolutionné la distribution des microcrédits à travers la mise en place et la diversification des produits, l’impact de la finance inclusive est de plus en plus facile à mesurer. Une tendance qui nous révèle que même les populations les plus pauvres peuvent acquérir les capacités pour gérer activement leur situation financière et permettre aux spécialistes d’en évaluer l’impact.

Pourquoi est-ce que les transferts d’argent et les paiements électroniques sont devenus un aspect important de l'inclusion financière ?

L’émergence de la finance numérique a incité les individus à moderniser leurs moyens de paiement et de transferts d’argent, passant du paiement cash, du chèque, du mandat postal, du virement bancaire, etc. à des outils plus modernes, plus sécurisés et plus rapides. Le développement des technologies dédiées aux services financiers a eu un impact considérable dans le monde de la microfinance. De plus en plus de personnes qui gagnent seulement quelques dollars par jour ont désormais accès à internet et aux téléphones portables.

En outre, pour beaucoup d’entre elles, surtout pour ceux qui habitent dans des zones rurales, la technologie mobile est devenue la première porte d’entrée vers les services financiers, mais aussi vers l’information et l’éducation. Les outils digitaux constituent une opportunité pour les institutions de microfinance (IMF), dans la mesure où ils permettent de toucher plus de clients et de promouvoir leur inclusion financière.

Les outils digitaux constituent une opportunité pour les IMF, dans la mesure où ils permettent de toucher plus de clients et de promouvoir leur inclusion financière.

HPS travaille actuellement dans 90 pays, quels sont selon vous les enjeux principaux de l’inclusion financière ?

 

Dans le cadre de son activité de création de solutions de paiement électronique pour les institutions financières et de microfinance, HPS contribue indirectement à la promotion de l’inclusion financière grâce à sa suite de solutions PowerCARD.

Plus de la moitié de la population adulte mondiale, soit 2,5 milliards d'adultes, n’a pas accès aux services financiers de base. C’est-à-dire que ces personnes  n’ont pas accès à un compte courant, au crédit, à une assurance et ou à un produit d'épargne. Ce constat est alarmant puisqu’il touche non seulement les pays en développement, mais aussi les pays développés, dont souvent une bonne partie de la population est exclue financièrement.

De ce fait, HPS considère que l’inclusion financière représente un enjeu économique et social à travers le monde. Si elle est associée aux efforts des gouvernements, son impact aura un effet positif sur le développement. 

En intégrant de plus en plus les solutions de dématérialisation de leurs activités opérationnelles, les IMF contribuent fortement au développement de l’inclusion financière. La mise en place de telles solutions technologiques permet de relever les défis liés à l’accessibilité, à l’authentification des usagers, à la collecte et à l’analyse des données, à l’efficacité des opérations et constitue un facteur de réussite de l’inclusion financière. 

D’après vous, quelles sont les caractéristiques d’une solution de paiement réussie ?

Une solution de paiement réussie est une solution en phase avec les attentes, les objectifs des utilisateurs et respectant certains critères, comme la multitude des canaux de vente, les facilités de paiement, la gestion des risques, la lutte contre la fraude et les impayés, etc.

Nous savons tous qu’il n’existe pas de solution standard, les solutions de paiement sont adaptées au profil de l’utilisateur, au marché, au positionnement géographique et aux capacités financières des clients.

S’ils sont pris en compte dans une solution de paiement, ces quelques critères pourraient contribuer au succès d’une solution financière donnée. 

Certaines IMF font face à un défi majeur en ce moment : la digitalisation ou la faillite ! Qu’en pensez-vous ? Des conseils à leur donner ?

La digitalisation se présente aujourd’hui comme une opportunité à saisir et non comme une obligation à respecter. Il est important que les IMF comprennent que la digitalisation de leurs processus, ainsi que l’interaction avec leurs clients, leur permettra d'accroître leur portée, leur impact et d’améliorer leurs performances sociales.

Les IMF n’encourent pas de risque de faillite éminent. Celles qui n’auront pas opté pour la digitalisation de leurs processus accuseront certainement beaucoup de retard et perdront des parts de marché par rapport à celles qui auront compris l’intérêt de cette transformation. 

Notre principale recommandation aux IMF est de mettre le client au centre de leur stratégie et de ne pas omettre d’intégrer les problématiques technologiques, financières, mais également opérationnelles et réglementaires lors de l’adoption d’une stratégie de digitalisation.

Quelles sont les attentes de HPS pour la SAM 2019 ?

Pour HPS, la SAM  est l’évènement phare de la microfinance en Afrique, l’endroit où il faut être présent. Nous nous sommes fixé des attentes quant à cet événement, principalement en termes de soutien aux acteurs principaux de la microfinance - les IMF - sur les aspects technologiques et d’accompagnement à la transformation numérique.

HPS est également membre du réseau MAIN (Microfinance African Institutions Network) une association internationale à but non lucratif créée en 1995, regroupant plus de 100 membres dans 27 pays d’Afrique et d’Europe. La SAM est aussi l’occasion pour HPS de retrouver ses partenaire, de partager avec eux son savoir-faire ainsi que les nouvelles innovations technologiques, et de leur proposer des actions d’assistance technique et de renforcement de leurs capacités.    

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Hightech Payment Systems (HPS) fournit des solutions de paiement pour les institutions financières, émetteurs, acquéreurs, processeurs de cartes, organisations de vente indépendantes (ISO), détaillants et commutateurs nationaux et régionaux du monde entier. Avec à sa suite de solutions PowerCARD, HPS couvre l’ensemble de la chaîne de valeur des paiements en permettant des paiements grâce à sa solution omnicanal qui traite toutes les transactions provenant de tous les canaux, quel que soit le moyen de paiement utilisé. Aujourd'hui, PowerCARD est utilisé par plus de 400 institutions dans plus de 90 pays sur les cinq continents.

 

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Toyo Léopold , Je suis motivé par vos publications et autres, Benin
15 novembre 2021

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